Il est impossible de parler de Biréli Lagrène sans évoquer Django Reinhardt. Considéré comme le créateur du jazz manouche, Django a révolutionné l’univers de la guitare dans les années 1930. Si Biréli n’a évidemment jamais rencontré Django – décédé en 1953 –, l’impact de ce dernier sur son jeu est indiscutable. Enfant prodige, Biréli jouait déjà à 13 ans des morceaux complexes comme “Nuages” ou “Minor Swing” avec une aisance incroyable, revisitant le style de Django tout en y insufflant une touche personnelle.
Mais au-delà de la technique, ce que Biréli a hérité de Django, c’est surtout le sens de l’improvisation, l’expressivité et l’audace harmonique. À ce jour, Biréli est souvent vu comme l’un des meilleurs ambassadeurs du style héritier de Reinhardt, tout en ayant su dépasser son maître pour embrasser une carrière aux multiples facettes.
Si Biréli est ancré dans le jazz manouche, son ouverture aux autres traditions musicales est remarquable. Parmi les influences marquantes dans sa carrière figure Paco de Lucía, icône du flamenco. Paco et Biréli, bien qu’issus de traditions musicales différentes, partagent une virtuosité rare et une capacité à transcender leurs styles respectifs.
Lorsqu’il parle de Paco, Biréli souligne souvent la profondeur émotionnelle et la technique irréprochable de ce musicien légendaire. Bien qu’il n’ait pas été un flamenco pur, on retrouve dans certains phrasés de Biréli une influence subtile des arpèges rapides et des dynamiques nuancées propres à ce style. Cela illustre sa capacité à s’approprier des éléments d’autres genres tout en restant fidèle à son essence musicale.
La collaboration entre Biréli Lagrène et le bassiste Jaco Pastorius marque un tournant dans sa carrière. Figures incontournables du jazz fusion, les deux artistes ont noué une amitié et une complicité musicale dans les années 1980. Alors que Jaco explorait de nouveaux territoires sonores, il a vu en Biréli un guitariste capable de suivre sa créativité débridée. Ensemble, ils ont enregistré plusieurs albums, notamment “Standards Zone” (1986).
Le génie de Jaco a poussé Biréli à expérimenter au-delà des frontières établies du jazz manouche, l’incitant à explorer d’autres sonorités et à adopter un jeu plus électrique. Leur collaboration illustre parfaitement l’idée que la musique n’a pas de barrières, et que les dialogues entre musiciens sont souvent les plus belles sources d’inspiration.
Un autre nom incontournable parmi les guitaristes qui ont marqué Biréli Lagrène est celui de George Benson. Virtuose du jazz à la technique irréprochable, Benson a influencé Biréli par sa capacité à mêler des improvisations complexes à une musicalité accessible, parfois teintée de soul et de funk. Cette volonté de lier technicité et groove se retrouve clairement dans certaines des pièces plus modernes de Biréli.
Biréli n’a pas seulement puisé dans la technique de Benson, mais aussi dans son sens du show. Comme George, il maîtrise l’art de captiver un public, qu’il s’agisse de jouer des standards ou de se lancer dans des improvisations éblouissantes.
Pat Metheny, avec son univers à la fois introspectif et expansif, a également influencé la manière dont Biréli perçoit la composition et la sonorité. Si leurs styles diffèrent, on peut voir dans le jeu de Biréli une attention similaire aux textures sonores et au storytelling musical, des éléments-clés de l’approche de Metheny.
Le goût de Metheny pour les mélodies aériennes et les harmonies sophistiquées a trouvé un écho chez Biréli, notamment dans ses travaux les plus expérimentaux. Même si les deux artistes n’ont jamais collaboré directement, Metheny figure parmi ces grandes références ayant influencé plusieurs générations de musiciens, y compris Biréli.
Pour tout guitariste attiré par la fusion entre jazz et musiques du monde, Al Di Meola est une figure centrale. Avec son impressionnante technique en picking et ses expérimentations fusionnant flamenco, tango et jazz, Di Meola a eu un fort impact sur Biréli. Leur rencontre musicale a donné lieu à des performances d’une intensité inouïe, où virtuosité et passion dialoguent sans relâche.
L’approche rythmique de Di Meola semble avoir particulièrement inspiré Biréli, notamment dans sa façon de jongler entre tempo effréné et passages plus subtils. L’échange entre ces deux titans montre l’importance d’un apprentissage mutuel entre musiciens.
Enfin, impossible de conclure sans mentionner Wes Montgomery, dont le jeu au pouce et le phrasé légendaire continuent d’être une source d’inspiration pour Biréli. Si Montgomery est connu pour son approche douce et mélodique, c’est avant tout son sens de la dynamique et son équilibre parfait entre technicité et simplicité qui ont dû influencer Biréli.
Des morceaux comme “Road to Believern”, avec ses lignes mélodiques en octaves, témoignent de l’influence de Wes Montgomery dans l’approche de Biréli, où la recherche de la beauté mélodique va de pair avec la virtuosité.
Si Biréli Lagrène est aujourd’hui reconnu comme un guitariste d’exception capable de flirter avec des styles variés, il le doit à cet incroyable réseau d’inspirations et de collaborations. Django Reinhardt, Paco de Lucía, Jaco Pastorius, ou encore George Benson sont autant de noms qui ont enrichi son langage musical. Mais ce qui fait de Biréli un musicien si spécial, c’est sa capacité à ne pas se limiter à une imitation, mais à transcender ses influences pour inventer son propre vocabulaire.
En explorant les œuvres de ces géants ayant marqué son parcours, on en vient à mieux comprendre la richesse de sa musique. Si vous souhaitez aller plus loin, prenez le temps d’écouter album après album, collaboration après collaboration : Biréli Lagrène continue d’écrire son histoire, toujours en dialogue avec ses maîtres et ses contemporains.